#smrgSAHAF Pour Comprendre La Peinture de Giotto à Chagall - 1953
Lorsqu'une peinture ne laisse pas l'observateur indifférent, il réagit en disant : « Je l'aime » ou « je ne l'aime pas ». Et chacun a le droit de s'exprimer ainsi, quel que soit son degré de culture. Car on ne discute pas des préférences individuelles; ce sont des opinions arbitraires et subjectives qui n'ont jamais tort, mais jamais raison non plus parce qu'il faut s'appuyer, pour avoir raison, sur un principe objectif.
Il arrive que la préférence subjective soit seule possible. Quelqu'un qui se donnerait beaucoup de mal pour con- vaincre les autres qu'une femme doit ou ne doit pas plaire, non seulement se couvrirait de ridicule mais se rendrait presque suspect. Un haussement d'épaules est la seule réponse possible à ceux qui soutiendraient par des « argu- ments » qu'on doit aimer ou ne pas aimer un mets.
Mais les discussions relatives à l'art, qui ont une tradition de quelques millénaires et ont engagé quelques grands esprits, s'efforcent (sans la négliger) de dépasser la préférence subjective et d'atteindre un jugement objectif. C'est-à-dire de trouver une règle de jugement objective.
Si une Madone de Raphaël nous attire plus qu'une Sibylle de Michel-Ange, nous n'en sentons pas moins que la Sibylle est, elle aussi, une œuvre d'art. Nous y trouvons même une qualité différente de celle de la Madone de Raphaël et inversement. Chacune de ces deux images a une qualité différente, qui est une qualité par elle-même, indé-...
Lorsqu'une peinture ne laisse pas l'observateur indifférent, il réagit en disant : « Je l'aime » ou « je ne l'aime pas ». Et chacun a le droit de s'exprimer ainsi, quel que soit son degré de culture. Car on ne discute pas des préférences individuelles; ce sont des opinions arbitraires et subjectives qui n'ont jamais tort, mais jamais raison non plus parce qu'il faut s'appuyer, pour avoir raison, sur un principe objectif.
Il arrive que la préférence subjective soit seule possible. Quelqu'un qui se donnerait beaucoup de mal pour con- vaincre les autres qu'une femme doit ou ne doit pas plaire, non seulement se couvrirait de ridicule mais se rendrait presque suspect. Un haussement d'épaules est la seule réponse possible à ceux qui soutiendraient par des « argu- ments » qu'on doit aimer ou ne pas aimer un mets.
Mais les discussions relatives à l'art, qui ont une tradition de quelques millénaires et ont engagé quelques grands esprits, s'efforcent (sans la négliger) de dépasser la préférence subjective et d'atteindre un jugement objectif. C'est-à-dire de trouver une règle de jugement objective.
Si une Madone de Raphaël nous attire plus qu'une Sibylle de Michel-Ange, nous n'en sentons pas moins que la Sibylle est, elle aussi, une œuvre d'art. Nous y trouvons même une qualité différente de celle de la Madone de Raphaël et inversement. Chacune de ces deux images a une qualité différente, qui est une qualité par elle-même, indé-...